Fleuron du patrimoine communal de La Chapelle d’Armentières :
La grotte Notre-Dame-de-Lourdes au quartier de La Choque
En 1911, une paroisse était établie à La Chapelle d’Armentières pour le quartier de La Choque sous le nom de Notre-Dame-de-Lourdes. Son territoire était détaché de celui de la paroisse Saint-Vaast. Monsieur Maurice Charvet, industriel textile à Armentières, avait offert un terrain d’un hectare sur lequel il fit édifier à ses frais pour la nouvelle paroisse : une église, un presbytère, une salle d’œuvres et une école.
En 1925, une réplique de la grotte de Massabielle de Lourdes, où apparut la Vierge Marie à Bernadette Soubirous en 1858, fut réalisée à côté de l’église. Une plaque en marbre indique :
GROTTE ÉRIGÉE LE 9 AOÛT 1925
EN MÉMOIRE DE DAME JEANNE BODÉ
ÉPOUSE DE MR HENRI DANCOISNE
PRIEZ POUR ELLE
Monsieur Henri Dancoisne était un fabricant de linge de table ouvré, damassé, torchons et toiles à matelas, installé 1 rue du Moulin et 78 rue de Lille à Armentières : ce qui correspond actuellement à la banque Scalbert, 74 rue de Lille, la numérotation des maisons ayant changée. Il était né le 8 septembre 1868 à Armentières et s’était marié le 29 mai 1893 à Quesnoy-sur-Deûle, à Jeanne Bodé, née le 2 mai 1872 à Quesnoy-sur-Deûle.
Ce couple eut quatre enfants : Henri (Armentières 1894-Hombleux, Somme 1976), prêtre ; Marie (Armentières 1895-Marcelcave, Somme, 1976), célibataire ; Joseph (Armentières 1897-Hombleux 1982), cultivateur, marié à Marie Reuet ; Gérard (Armentières 1901-Lille 1986), jésuite.
Henri Dancoisne était lié d’amitié avec l’abbé Célestin Sénéchal, avec qui il avait fait connaissance lorsque ce dernier était vicaire de la paroisse Notre-Dame du Sacré-Cœur à Armentières (1903-1911). L’abbé Sénéchal fut nommé directeur du train rouge de Lourdes (1907-1933) et curé de la nouvelle paroisse Notre-Dame de Lourdes de La Chapelle d’Armentières (1911-1928).
Lors de la guerre 1914-1918, la famille évacua à Boulogne-sur-Mer et c’est là que Jeanne Bodé mourut de la tuberculose le 29 mars 1918, âgée de 45 ans.
Henri Dancoisne ne revint pas à Armentières après le conflit. Sa maison et son entreprise à Armentières avaient été complètement anéanties. Il fit des placements et vécu de ses rentes à Boulogne-sur-Mer.
En 1925, il fit ériger à ses frais la grotte de La Choque en mémoire de son épouse décédée prématurément et par amitié pour le curé Sénéchal. L’inauguration et la bénédiction eurent lieu le 9 août, en même temps que celles de l’église Notre-Dame-de-Lourdes reconstruite.
Après la Seconde Guerre mondiale, il se retira à Marcelcave dans la Somme où son fils aîné était prêtre. C’est dans cette commune qu’il mourut le 3 décembre 1960, âgé de 92 ans.
Les grottes représentant celle de Lourdes ne sont pas très répandues dans la région. De taille importante, la grotte de La Choque est de belle facture. Elle a toujours fait la fierté des habitants du quartier et sa fréquentation par ces derniers ainsi que par des personnes des environs est toujours régulière.
La paroisse organisait des processions lors des fêtes mariales avec aboutissement à cette grotte.
Tantôt au mois mai, tantôt au mois de juin, de véritables pèlerinages étaient proposés par les doyennés d’Armentières et de La Chapelle d’Armentières. Le dimanche matin avait lieu une grand-messe solennelle à l’église, puis l’après-midi, à la grotte, la bénédiction des malades et infirmes avec prédication. Cette journée était précédée de trois jours préparatoires avec participation des enfants, procession aux flambeaux comme à Lourdes et illumination de la grotte.
Ces manifestations, qui attiraient beaucoup de monde, étaient annoncées par de grandes affiches en couleurs envoyées aux églises des environs.

Devenue propriété communale le 19 septembre 1975 par donation de l’Association diocésaine de Lille, et entretenue et fleurie par une famille bénévole du quartier, la grotte Notre-Dame-de-Lourdes de La Choque fait partie du patrimoine remarquable de La Chapelle d’Armentières.

Jean-Louis Decherf
RDV : Messe devant la grotte le 31 août 2025 à 10h30.